Muffet T. 1589-90

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Deliry C. [2025] – Muffet T. 1589-90 - In : Odonates du Monde (Histoires Naturelles) (2004-[2025]) – Version 59641 du 08.07.2025. – odonates.net

Muffet T. 1589-90 - Insectorum sive Minimorum Animalium Theatrum. - Réed. 1634 – Londini. - ONLINE


Présentation générale

Muffet nomme nos insectes Libella, il distingue les Maxima Libella, Media Libella et Minima Libella correspondant respectivement à des Anisoptères, des Caloptéryx et d'autres Zygoptères (sens réduit). Ces représentations sont associées probablement à des taxons présents en Angleterre.


La morphologie et la présence de crochets aux pièces terminales de l'abdomen correspondent à Aeshna cyanea.
On notera page 69 la citation d'Aeschna muscae, première citation du nom d'Æschne.
La lecture de l'ensemble du texte en latin, s'impose... on y trouve d'ailleurs la première citation du mot Dragonfly (page 64) que je pensais disponible seulement plus d'un siècle plus tard (com. pers. [16 juin 2023]).


La pilosité, la morphologie, les dessins sur l'abdomen correspondent sans équivoque à Brachytron pratense.


Il s'agit d'un Gomphe dont les dessins thoraciques et les crochets terminaux de l'abdomen évoquent Onychomphus forcipatus.


Nous sommes ici en présence de Libellula depressa.


Et ici de Libellula fulva.


A gauche deux ♂ de Calopteryx splendens et je pense trouver à droite une paire de Calopteryx virgo.

Relecture...

[16 juin 2023].

Les Odonates sont traités dans le chapitre XI (p.58 & seq.) qui traite des différents types de Mouches (Cap. XI. Des Muƒcarum differentis). Ce sont les Moƒca des espagnols et des italiens, les Mouƒches en français, Fly en anglais, Muƒca en latin, etc. Il rassemble ces Insectes par quelques caractéristiques communes comme le mouvement, les yeux marqués, la présence d'une nymphe...

Dans le premier livre, après avoir placé par l'exemple des Abeilles, la méthode, des éléments de biologie, le miel, le propolis et les usages des Abeilles (chapitres 1 à 6), l'auteur commence par d'autres Hyménoptères (ch. 7 à 9) (il n'y a pas d'illustrations avant le chapitre 8 sur les Guêpes), puis traite d'un ensemble rangé comme des Mouches (Muscis : ch. 10 à 13). Suivent pêle-mêle les Papillons (ch. 14), les Cicindèles (ch. 15), les Sauterelles (ch. 16), les Cigales et les Grillons (ch. 17), les Blattes (ch. 18), les Buprestes et les Cantharides (ch. 19), les Scarabées (ch. 20), les Coléoptères aquatiques (ch. 21), les Courtilières (ch. 22), les Phryganes [?] (Pyrigono : ch. 25), les Tipules (ch. 26), les Perces-oreilles (ch. 27), les Scorpions, les Fourmis et les Poux (ch. 28), les Pucerons (ch. 29).
Le second libre, associé dans le même ouvrage, donne plus en détails certains ensembles, tout en ajoutant de nouveaux groupes zoologiques dans le développement comme les Myriapodes, les Araignées, les Lombrics. Il s'agit d'ajouter à l'examen, le chapitre 37 qui concerne les Insectes aquatiques et que je n'ai jamais lu (De Aquaticis Inƒectis depedibus, & primum de Squilla), voir les chapitres suivants qui semblent concerner encore des espèces aquatiques, au moins pour partie (ch. 38 à 40), suivent des Vers aquatiques comme les Sangsues. A l'examen ces chapitres ne rendent pas compte de libellules. Muffet (1589-80) rend compte d'une liste d'auteur tout à fait remarquable qui l'ont précédé : il y en a clairement plus de cents !

Dans le chapitre XI qui fait suite en définitive à un essai de description des Muƒcas il est question de différents types comme je l'ai annoncé plus haut. L'auteur s'intéresse d'abord à des Diptères carnivores, avant de passer aux Taons qui tiennent plusieurs pages. Certains mouches ressemblent à de petits papillons, il est aussi question des Chrysopes, d'espèces avec de longs appendices caudaux... il présente cinq ensembles avant d'aborder, page 64, les Odonates, celles qui sont dites Libellæ (Libellæ dictæ) dont les grecs anciens rapprochent par quelques similitudes des poissons et nomment ξαγινας. Les noms anglais sont adder boultes, dragonflies et watter butterflies, cevettoni chez les italiens. Muffet (op. cit.) ne va guère plus loin dans les noms et je n'ai pas su décrypter le nom dans sa version grecque pour l'instant ([A préciser !]). Il continue avec son texte en latin donnant des éléments de description et commence à séparer quelques ensembles selon la taille de ces insectes :

  • Libella maxima (Briƒes en anglais) où il distingue huit genres : (1) verdâtres, ailes argentées (cf. hyalines), se déplaçant rapidement, avec (sept) lignes noires traversant le dos, (2) plus sombres que les précédents, (3) similaires mais avec un corps jaune et noir, (4) jaunes (et autres détails), (5) au corps et la tête bleus, bouche noire, (6) avec une marque noire au milieu des ailes, corps sombre, (7) de teintes sombres à l'avant, rouges au niveau de l'abdomen, (8) au corps jaune. Il s'agit en définitive d'Anisoptères comme le montrent d'ailleurs les illustrations associées à la suite. La sixième (cf. 6) pourrait correspondre à Libellula quadrimaculata, si j'ai bien interprété le texte, mais cette espèce n'est pas illustrée, ou du moins j'ai pensé lors de mes premiers examens des dessins qu'elle ne l'était. En définitive, l'individu, très mal dessiné en haut de la page 67 semble correspondre (marque noire visible au milieu de l'aile antérieure droite). On trouve dans l'ordre Aeshna cyanea qu'on identifie parfaitement par la forme des pièces terminales de l'abdomen du ♂ vues de côté, peut-être Libellula quadrimaculata comme supposé juste avant, Brachytron pratense bien caractérisé et velu, Onychogomphus forcipatus. Suivent dans les images deux Libellules, la première est Platetrum depressa et la seconde présente des caractéristiques d'Eurothemis fulva.
  • Libella media avec la première très élégante du point de vue coloration, le corps est bleu et les ailes marquées de violacé, la seconde bleuâtre (caesio) avec des ailes colorées de bleue, pour partie. On reconnaît respectivement associées aux images placées dans l'ordre inverse, Calopteryx virgo et Calopteryx splendens. Il y a une troisième espèce avec le corps subiridescent, les ailes marques de nervures rougeâtres ainsi qu'une quatrième de couleur brunâtre. Une cinquième est distinguée par des yeux bleus et le corps bleu-vert, et enfin une sixième au corps vert. Ces dernières semblant correspondre aux ♀ ou des âges différents des deux Calopteryx.
  • Libella minima représentées par diverses images mal déterminables. La première avec tout le corps bleu, la seconde est rouge, la quatrième jaune (croceum) et malgré de nombreux détails pour la quatrième, on ne voit pas de quelle espèce il peut s'agir. Nous avons ici, selon toute vraisemblance des Agrions (notamment Coenagrion), ainsi qu'assez probablement Pyrrhosoma nymphula. Ce sont les Zygoptères, sauf les Calopteryx.

Il semble être ensuite question des formes aquatiques, larvaires. On trouve sans bien comprendre des noms comme Phryganides, Macedonica, Tigurina, Aeƒchna (lutea, fuƒca), etc. L'auteur parle apparemment de larves de différents types d'insectes aquatiques, dont des Odonates. Il est par exemple probablement le cas d'Ephémères associées au mois de mai (cf. "Mouches de mai"). Le terme qui nous intéresse actuellement est l'utilisation répétée du mot Aeƒchna, pour des "mouches" aquatiques sont de couleur grise et avec six pattes. Celles-ci présentant près de la queue de nombreux petits poils duveteux... Il reste difficile, faute d'illustration associée de comprendre à quelles espèces ou stades il est question ici, mais il apparaît possible qu'au moins certaines larves d'Odonates étaient alors appelées des Aeschna.

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Références

Deliry C. [2023] - Odonates du Monde. - Histoires Naturelles (2004-2025). - odonates.net
Muffet T. 1589-90 - Insectorum sive Minimorum Animalium Theatrum. - Réed. 1634 – Londini. - ONLINE