Trois « fausses » Aeshna en Europe et premières propositions
[Deliry C. 2025] – Trois « fausses » Aeshna en Europe et premières propositions - In : Odonates du Monde (Histoires Naturelles) (2004-[2025]) – Version 60094 du 13.07.2025. – odonates.net
|

![]() Trois « fausses » Aeshna en Europe et premières propositions« Aeshna » affinis, « Aeshna » mixta et « Aeshna » isoceles ne sont pas de véritables Aeshna comme l’a justement souligné Bechly (1998). Nous avons proposé dès 2004 le nom de genre Simaeschna pour les deux premières et Simanax pour la dernière (Deliry 2017). « Aeshna » affinis et « Aeshna » mixta présentent en fait des caractéristiques de la tribu des Anacini et sont ainsi proches des Anax. Ces deux espèces ne peuvent pas être classées dans celle des Aeshnini qui comprend les véritables Aeshna. Il convient de souligner qu’avec sa description de la mixta, Latreille (1805) cite clairement la planche d’Harris (1780) qui fait référence à Libellula coluberculus et qui est sans conteste la même espèce, mais ignore parfaitement le nom donné par l’auteur britannique. Le fait a été identifié par divers auteurs ultérieurs et on trouve par exemple encore en 1923, Aeschna coluberculus habermayeri Götz, 1923. Les auteurs russes utilisent volontiers Aeshna coluberculus comme nom valide pour l’espèce considérée. Le « véritable » nom de l’Æschne mixte pourrait donc être Simaeschna colubercula (Harris, 1780). Par contre il resterait sans « discussion » Simaeschna affinis Vander Linden, 1820 pour l’espèce voisine. La carière de l’isoceles est complexe et intéressante. Elle a clairement été détectée et décrite dès 1764 par O.F.Müller sous la variété ß de Libellula quadrifasciata, un taxon attribué par les auteurs ultérieurs principalement à Aeshna grandis et en conséquence mis en synonymie avec cette dernière. C’est la Libellula quadrifasciata var. isoceles Müller, 1767, qui a finalement été retenue pour en forger le nom. Vander Linden (1820) en fait son Aeshna grandis var. ß et de Charpentier (1825) la nomme Aeschna chrysophthalmus, un nom qui fera carrière en parallèle avec l’Aeschna rufescens de Vander Linden (1825). En 1850, de Selys Longchamps & Hagen (1850) utilisent toujours Aeshna rufescens, mais Hagen (1840) avait déjà suggéré de nommer l’espèce qui nous intéresse Aeschna isoceles. De Selys Longchamps & Hagen (1850), hésitent mais considèrent que l’option donnée par Hagen (1840) n’est pas acceptable car ce nom est pris sur une variété. C’est Lucas (1900) qui va asseoir l’option Aeschna isosceles (Müller, 1767) [sic], introduisant alors une variante orthographique volontaire se basant sur le mot équivalent en anglais qui s’écrit ainsi (en français les deux orthographes existent : isocèle et isoscèle). Hagen (1840) et Kirby (1890) l’avait précédé dans ce choix, qui sera ensuite à peu près maintenu par les auteurs.
Cyrille Deliry le 27 août 2021
Références |

