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{{France}}{{Synchroniser}}

= Présentation générale des Odonates de France =
L’odonatologie française tient une place très importante dans l’étude des [[Libellules]] y compris au niveau international.

Jusque récemment j’ai pensé que la plus ancienne [[Libellule]] à peu près déterminable de l’histoire odonatologique, se trouvait dans le ''Bréviaire de Belleville'' représentée par Jean Pucelle (…-1334) écrit vers 1323-26 et venait de [[France]]<ref>{{Pucelle1323}}</ref>. On y trouve un ''Calopteryx'' qu’on pourrait interpréter comme ''[[Calopteryx xanthostoma]]''. Toutefois suite à de nouvelles lectures, c’est du côté de l’Asie dans un tableau de Qian Xuan (1235-1305)<ref>{{QX1235}}</ref>, probablement antérieur d’un siècle représentant un mâle de ''[[Rhyothemis fuliginosa]]'' originaire de [[Chine]]... mais rien d’autre.

Les magnifiques planches de Joris Hoefnagel (1542-1601) représentent une dizaine d’espèces françaises supplémentaires datant de 1575<ref>{{Hoefnagel1575}}</ref>. Leur qualité est exceptionnelle et sera inégalée pendant près de deux siècles. On trouve avec René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757) dans son ouvrage ''Des mouches à quatre aisles nommées Demoiselles'' paru en 1742<ref>{{Réaumur1742}}</ref>, une histoire naturelle et étude de la biologie des [[Libellules]] qui viennent tout juste d’être rebaptisées sur nom latin ''[[Libellula]]'' par Carl Linnæus (1707-1778) en 1735<ref>{{Linnaeus1735}}</ref>. Ces [[Insectes]] conservent toutefois le nom français de Demoiselles et le terme [[Libellule]] ne se trouve pas dans cette langue, pas avant la synthèse de Olivier (1756-1814) dont la partie concernant les [[Odonates]] est éditée en 1792<ref>{{Olivier1792}}</ref>. La première synthèse, relativement succincte, sur les ''[[Odonates]] de [[France]]'', se trouve dans la ''Faune de [[France]]'' (Acloque 1897<ref>{{Acloque1897}}</ref>),préparée par Alexandre Acloque (1871-1941) où sont répertoriées 65 espèces ainsi que quelques autres de pays voisins. Le premier ouvrage « complet » paraît sous la plume de René Martin (1846-1925) en 1931<ref>{{Martin1931}}</ref>. On trouve encore des précisions sur les ''[[Odonates]] de [[France]]'' au sein d’ouvrages de dimension plus large (Robert 1958<ref>{{Robert1958}}</ref>, Aguesse 1968<ref>{{Aguesse1968}}</ref>), mais ce n’est pas avant la synthèse fondatrice de Jean-Louis Dommanget que naît l’odonatologie moderne en [[France]] (Dommanget 1987<ref>{{Dommanget1987}}</ref>) et il n’y a pas eu de nouvelle synthèse spécifique d’un tel ordre jusqu’à l’édition en ligne de ce document début 2022 (Deliry 2022<ref>{{Deliry2022}}</ref>), hormis le document très complet préparé sous la coordination de Pascal Dupont rédigé dans le cadre du premier Plan National d’Actions en faveur des [[Odonates]] en 2010<ref>{{Dupont2010}}</ref> qui a été précédé par des ouvrages destinés plus particulièrement à la détermination et la présentation générale des espèces du pays (Grand & Boudot 2006<ref>{{GrandBoudot2006}}</ref>, 2014, 2017, 2019). J’ai depuis amplement complété ce travail dont la première édition "ne comprenait que" 388 pages contre désormais ~576. Néanmoins le travail n’est pas terminé...

Rappelons qu’une des premières [[Libellules]] représentées et à peu près déterminable est un ''Calopteryx cf. xanthostoma'' représenté par Pucelle, aux alentours de 1323-26 dans le « Bréviaire de Belleville »<ref>{{Pucelle1323}}</ref>. Cette représentation est de toute évidence française. On trouve ensuite vers 1503-08 avec Bourdichon, plusieurs espèces enluminées dans les « Grandes Heures d’Anne de Bretagne »<ref>{{Bourdichon1503}}</ref> avec ''[[Cordulegaster boltonii]]'' et ''[[Platetrum depressum]]'' notamment. Rondelet (1558)<ref>{{Rondelet1558}}</ref> dans son « ''Histoire entière des Poissons'' » introduit le mot ''[[Libella]] fluviatilis'' pour les larves de nos [[Insectes]]. Il parle ensuite de ceux-ci comme des Mouches d’eau douce pour ce qui est des imagos. Les magnifiques planches d’Hoefnagel (1575)<ref>{{Hoefnagel1575}}</ref> ajoutent sans les nommer à nos espèces, ''[[Aeshna cyanea]], [[Simaeschna colubercula]]''<ref>Je propose de ranger dans un genre particulier, ''[[Aeshna affinis]]'' et ''[[Aeshna mixta]]'', à savoir le genre ''[[Simaeschna]]''. En l’occurence on obtient ''[[Simaeschna affinis]]'' et ''[[Simaeschna colubercula]]'' (cette dernière ayant été en définitive décrite antérieurement sous le nom ''[[Libellula colubercula]]'' et non sous ''mixta''). – Référence {{AP}}</ref>, ''[[Sympetrum depressiusculum]], [[Calopteryx virgo]], [[Calopteryx splendens]], [[Sympecma fusca]], [[Sympetrum pedemontanum]]'' et ''[[Orthetrum brunneum]]''. Ces [[Insectes]] sont présentés parmi les ''Mouches'' ou ''Muscas''. Une illustration de ''[[Brachytron pratense]]'' faite par en 1590<ref>{{Hoefnagel1590}}</ref> provient probablement aussi de [[France]]. Le mot ''[[Libellula]]'', diminutif du nom donné près de deux siècles auparavant par Rondelet (1558)<ref>{{Rondelet1558}}</ref>, à savoir ''[[Libella]]'', est une invention de Linnaeus dans sa première édition du « ''Systema Naturae'' » parue en 1735<ref>{{Linnaeus1735}}</ref>. Dans son troisième mémoire paru en 1738<ref>{{Reaumur1738}}</ref>, de Réaumur présente une illustration précoce d’''[[Onychogomphus forcipatus]]'', une femelle ({{f}}). C’est en 1742<ref>{{Reaumur1742}}</ref> que paraît son onzième mémoire, fondation de l’odonatologie moderne : « ''Des mouches à quatre aisles nommées Demoiselles'' ». Cet ouvrage qui présente les comportements et la biologie des [[Odonates]] sera sans équivalent avant le début du XX{{eme}} siècle. On y trouve représentées quelques nouvelles espèces de [[France]] comme ''[[Coenagrion puella]], [[Aeshna grandis]]'' ou ''[[Libellula quadrimaculata]]''. ''[[Platetrum depressum]]'' est une espèce indiquée - sans nom particulier - à [[Paris]] (il s’agit à ma connaissance de la première mention [[France|française]] d’[[Odonates]] qui soit localisée, avec une autre, justement à Réaumur, située en Vendée).

C’est la dixième édition du « ''Systema Naturae'' » de Linnaeus parue en 1758<ref>{{Linnaeus1758}}</ref> qui comprend les premières descriptions retenues officiellement pour les [[Libellules]]. Très rapidement à la suite, en 1762<ref>{{Geoffroy1762}}</ref>, Geoffroy rédige une des toutes premières odonatofaunes régionales, elle est française : « ''Histoire abrégée des [[insectes]]x qui se trouvent aux [[Ile-de-France|environs de Paris]]'' ». L’auteur, bien que connaissant, au moins partiellement, la notion de noms scientifiques, n’applique pas la méthode de Linnaeus de manière concrète. Il faut attendre la réécriture de son ouvrage par de Fourcroy en 1785<ref>{{Fourcroy1785}}</ref> pour disposer alors de noms adéquates. Ces auteurs introduisent plusieurs synonymes, mais surtout ajoutent à la Science, ''[[Libellula cecilia]]'' Geoffroy ''in'' de Fourcroy, 1785 (la Cécile), soit ''[[Ophiogomphus cecilia]]'' et un nom maladroitement oublié, ''[[Libellula victoria]]'' Geoffroy ''in'' de Fourcroy, 1785 (''nomen oblitum'') qui concerne ''[[Crocothemis erythraea]]'' dont la description officielle retenue ne datera que de 1832<ref>{{Brullé1832}}</ref>. Geoffroy est donc le premier scientifique à décrire des [[Libellules]] après Linnaeus en 1758, mais il faut attendre 1785 (''op. cit.'') pour que ses descriptions soient concrétisées par de véritables noms scientifiques. L’odonatologie est par la suite surtout [[Grande-Bretagne|anglaise]], [[Allemagne|germanique]], [[Italie|italienne]], [[Suisse|suisse]] voire [[Russie|russe]], [[Norvège|norvégienne]]... ou exotique.

L’ouvrage rédigé par de Villers (1789)<ref>{{Villers1789}}</ref> reprend la méthode de Linné. Il présente une liste relativement complète des [[Libellules]] connues à son époque en [[Europe]] et se caractérise par l’adjonction de noms français basés sur des prénoms de femmes et quelques indications de la région de Lyon, du sud de la [[France]] ou de la [[Ain|Bresse]]. Il reprend avec une bonne rigueur les espèces décrites par ses contemporains. Il ajoute par jeu de synonymies de nouvelles espèces pour la [[France]] : ''[[Leucorrhinia caudalis]]'' sous ''[[Libellula triedra]]'', ''[[Leucorrhinia pectoralis]]'' sous ''[[Leucorrhinia pectoralis|Libellula rubicunda]]'', ''[[Sympetrum striolatum]]'' sous ''[[Libellula variegata]]'', ''[[Orthetrum cancellatum]]'' sous ''[[Libellula frumenti]]'', ''[[Orthetrum albistylum]]'' sous ''[[Orthetrum albistylum|Libellula cancellata]]'', ''[[Platycnemis pennipes]]'' sous ''[[Libellula albidella]]'' et il donne aussi ''[[Sympetrum sanguineum]]'' (''Libellula sanguinea''), ''[[Sympetrum vulgatum]]'' (''Libellula vulgata''), etc. Il décrit une nouvelle espèce avec ''[[Libellula tenella]]'' qui correspond à ''[[Ceriagrion tenellum]]'' (de Villers, 1789) connue en [[Europe]] et en [[France]]. Une de ses planches représente une femelle de ''[[Calopteryx haemorrhoidalis]]'' (voir plus bas). Au terme de cet ouvrage, on connaît un peut plus d’une trentaine d’espèces en [[France]].

{{Pv|Calhaevillers.png|Planche de C. de Villers (1789) – annotée – représentant ''[[Libellula quadrimaculata]]'' et une {{f}} de ''[[Calopteryx haemorrhoidali]]'' (présentée par l’auteur sous ''Libellula virgo''), cette dernière provient probablement dans la région lyonnaise}}

La première zoonymie à peu près complète en langue française se trouve chez Olivier (1792)<ref>{{Olivier1792}}</ref> qui tente dans son ouvrage sur les [[Insectes]], de reprendre la totalité des espèces de [[Libellules]] connues dans le Monde à son époque. Il attribue à chaque espèce un nom français « standard », à savoir un nom qui n’est pas le prénom d’une jeune femme. Par ailleurs cet auteur inaugure l’utilisation du mot « [[Libellule]] » en français.

Le second ouvrage qui concerne les [[Odonates]] de la [[Ile-de-France|région parisienne]] se trouve sous la plume de Walckenaer (1802)<ref>{{Walckenaer1802}}</ref>. Cet auteur complète les noms français des [[Libellules]]. Fait méconnu, c’est Latreille (1804)<ref>{{Latreille1804}}</ref> qui décrit pour la première fois la famille des [[Libellulidae|Libellulidés]]. Cette famille est le plus souvent attribuée à des auteurs postérieurs, "à mon sens par erreur". Nous avons donc les ''[[Libellulidae]]'' Latreille, 1804. Cet auteur décrit dans le volume suivant de ses ouvrages, ''[[Aeshna mixta]]'' Latreille, 1805<ref>{{Latreille1805}}</ref>, une espèce déjà clairement présentée sous ''[[Libellula colubercula]]'' par Harris (1780)<ref>{{Harris1780}}</ref>.

Les premières odonatofaunes [[Europe|européennes]] sont publiées en 1825, indépendamment par Vander Linden<ref>{{VdL1825}}</ref> et de Charpentier<ref>{{Charpentier1825}}</ref>. Ces deux auteurs décrivent plusieurs nouvelles espèces pour l’[[Europe]] et le second, en particulier y précise quelques espèces pour la [[France]]. Risso (1826)<ref>{{Risso1826}}</ref> décrit ''[[Agrion nicaeensis]]'' qui n’est autre que le premier signalement de ''[[Calopteryx virgo meridionalis]]'' de Selys Longchamps, 1873 avec cinquante ans d’anticipation. ''[[Agrion nicaeensis]]'' Risso, 1826 (''nomen oblitum'') est un nom oublié pour la sous-espèce méridionale du [[Calopteryx virgo|Caloptéryx vierge]]. Il ne se passera pas grand chose pour la [[France]] avant plus de 20 ans et l’odonatologie mondiale est alors [[Grande-Bretagne|anglaise]], [[Grèce|grecque]], [[Belgique|belge]], [[Russie|russe]]... ou exotique. C’est alors que l’auteur provençal Boyer de Fonscolombe (1837<ref>{{BdF1837}}</ref>, 1838<ref>{{BdF1838}}</ref>) ajoute à nos faunes régionales un article en trois parties sur les [[Libellules]] des [[Bouches-du-Rhône|environs d’Aix-en-Provence]]. Bien que rigoureux, et, peut-être pour partie mal documenté, l’auteur fait quelques confusions qui lui valent la perte de quelques premières scientifiques. Il est toutefois l’auteur d’''[[Orthetrum brunneum]]'' (Boyer de Fonscolombe, 1837), ''[[Boyeria irene]]'' (Boyer de Fonscolombe, 1838) et ''[[Coenagrion caerulescens]]'' (Boyer de Fonscolombe, 1838). On trouve ajoutées à ses textes de belles planches en couleur. Avec les travaux de l’odonatologue provençal, la liste [[France|française]] d’[[Odonates]] dépasse les 40 espèces.

De la même manière qu’en 1825, deux synthèses sur les ''[[Odonates]] d’[[Europe]]'' paraissent la même année en 1840. Elles sont présentées indépendamment par de Charpentier<ref>{{Charpentier1840}}</ref> et de Selys Longchamps<ref>{{Selys1840}}</ref>. Le second auteur en particulier, replace les espèces alors connues, entre autres, en [[France]]. Rambur (1842)<ref>{{Rambur1842}}</ref> fait de même et ajoute quelques espèces ou localités dans son ouvrage à dimension mondiale.

« ''[[Macromia splendens]]'' » entre dans l’histoire sous ''[[Cordulia splendida]]'' Pictet de la Rive ''in'' de Selys Longchamps, 1843 (''nomen oblitum'')<ref>{{Selys1843}}{{Selys1843splendida}}{{Deliry2014splendida}}{{Deliry2019}}</ref>, mais c’est ''[[Cordulia splendens]]'' Pictet de la Rive & de Selys Longchamps, 1843 réservé au premier auteur seulement, qui fera carrière<ref>{{PictetSelys1843}}</ref>.

Le Baron de Selys Longchamps précise et complète très significativement dans sa « ''Revue des [[Odonates]] ou [[Libellules]] d’[[Europe]]'' » préparée en colaboration avec H.A.Hagen<ref>{{S&H1850}}</ref> les connaissances sur nos [[Insectes]]. Cet ouvrage fonde l’odonatologie [[Europe|européenne]] et présente la première synthèse, dans un de ses chapitres, sur les ''[[Libellules]] de [[France]]''. L’auteur y signale 69 espèces sur les 98 connues alors en Europe<ref>On notera parmi les Libellules exotiques mal étiquetées et indiquées de [[France]] (p.322 & seq.): ''[[Libellula caerulans]]'' (col. Serville : Paris), ''[[Gomphus pallidus]]'' (Paris : col. Serville), ''[[Lestes vittata]]'' (col. Beschke : Provence). L’auteur cite en outre ''[[Libellula viridula]]'' (''[[Pantala flavescens]]''), ''[[Anax junia]]'' (''[[Anax junius]]'') et ''[[Anax mediterraneus]]'' (''[[Hemianax ephippiger]]'') comme exotiques, mais que nous savons depuis appartenir à la faune [[France|française]].</ref> ; suivent l’[[Allemagne]] et l’[[Italie]] avec respectivement 65 et 63 espèces. Il y en a 57 en [[Belgique]], un pays bien étudié par Edmond de Selys Longchamps. À l’époque l’odonatofaune de la [[Ile-de-France|région parisienne]] avait été à l’avant-garde et comprenait 47 espèces. Mes recherches précisent que nous avions dépasser les 70 espèces illustrées ou signalées en [[France]] au milieu du XIX{{eme}} siècle, ce qui rend les résultats donnés par {{S&H}} (1850)<ref>{{S&H1850}}</ref> particulièrement "précis".

Dès lors l’odonatologie mondiale sera dominée par Edmond de Selys Longchamps qui présente les [[Odonates]], groupe par groupe : notamment les "[[Calopterygines|Caloptérygines]]" en 1853 (publié en 1854)<ref>{{Selys1854calopterygines}}</ref>, les "[[Gomphines]]" dès 1854<ref>{{Selys1854gomphines}}</ref>, les "[[Agrionines]]" dès 1860<ref>{{Selys1860}}</ref>, les "[[Cordulines]]" dès 1871<ref>{{Selys1871}}</ref>, ouvrages suivis de plusieurs compléments ou additions. Les "[[Libellulines]]" ne seront traités que par les “élèves” de l’auteur Belge qui n’a pu boucler son grand ouvrage. La répartition des espèces y est donnée et le cas opportun, leur citation en [[France]] est donnée. Entre temps outre quelques brèves notes de Martin en fin de XIX{{eme}} siècle, seuls deux documents intéressent significativement les ''[[Libellules]] de [[France]]'' : la région de Besançon avec Pidancet (1856)51 et la Savoie avec une brève note de Dessaix (1858)<ref>{{Dessaix1858}}</ref>. Il convient de noter toutefois que j’ai “découvert” et surtout adapté avec l’aide des collègues ligériens, un manuscrit d’échelle départementales, bien antérieur pour le département de la Loire puisqu’il date du tout début du XIX{{eme}} siècle {{AP}}. Pidancet (1856)<ref>{{Pidancet1856}}</ref> forge les noms de ''[[Libellula bruandi]]'' Pidancet, 1856 et d’''[[Aeschna justi]]'' Pidancet, 1856, synonymes méconnus, que je considère respectivement équivalents d’''[[Orthetrum brunneum]]'' et d’''[[Aeshna juncea]]''. Pour ''[[Aeshna juncea]]'' il s’agit de la première mention française.  Néanmoins le XIX{{eme}} siècle reste un parent pauvre de l’odonatologie française. On soulignera outre la synthèse de Pidancet, déjà citée et concernant les [[Odonates]] du [[Doubs|secteur de Besançon]], la mention très remarquable de ''[[Macromia splendens]]'' à Jarnac en [[Charente]] dans les années 1860, seconde station française (voire mondiale) pour cette [[Libellules]], par Henry Delamain (de Selys Longchamps & Delamain 1868)<ref>{{SelysDelamain1868}}</ref>. C’est aussi de [[Savoie]] que de Selys Longchamps (1874)<ref>{{Selys1874}}</ref> signale ''[[Nehalennia speciosa]]'' sur le témoignage de J.B.Bailly, naturaliste à Chambéry bien connu pour son ouvrage en quatre volumes sur l’''Ornithologie de la Savoie''.

Dans son catalogue synonymique mondial, Kirby (1890)<ref>{{Kirby1890}}</ref>, ne cite explicitement de [[France]] que ''[[Gomphus simillimus]], [[Gomphus pulchellus]], [[Gomphus graslinii]], [[Platycnemis acutipennis]]'' et ''[[Coenagrion caerulescens]]'' ; les autres espèces sont rapportées à l’[[Europe]], sans plus de détails. Il cite en outre comme de « bonnes espèces », ''[[Libellula dorothea]], [[Libellula sophia]]'' et ''[[Libellula adelais]]'' selon les descriptions données par Geoffoy dans l’ouvrage de Fourcroy (1785)<ref>{{Geoffroy1762}}{{Fourcroy1785}}</ref>, taxons que je pense équivalents ou proches de ''[[Coenagrion puella|Coenagrion (cf. puella)]]''.

Voici plus d’un demi-siècle que fort peu de choses se passent en ce qui concerne les ''[[Odonates]] de [[France]]'', lorsque Martin (1931)<ref>{{Martin1931}}</ref> publie le premier ouvrage concernant les ''[[Libellules]] de [[France]]''. Celui-ci couvre les ''Névroptères'' et ''Pseudo-Névroptères''. Néanmoins, pour le début du XX{{eme}} siècle, le [[Poitou-Charentes]] fait exception et les recherches de René Martin, Joseph Lacroix et Henri Gelin permettent de dresser une liste régionale de 62 espèces (il y en a aujourd’hui 70) et il faudra par contre longtemps avant que soit poursuivi l’inventaire régional qui ne reprend pas avant les années 1980 ([[Vienne]] et [[Charente]]), voire la fin des années 1990 ([[Deux-Sèvres]] et [[Charente-Maritime]]).

Basé sur le centre de l’[[Europe]], l’ouvrage de Robert (1958)<ref>{{Robert1958}}</ref> est un livre naturaliste particulièrement détaillé sur la biologie et les comportements des [[Libellules]]. Il est à l’origine des premières vocations du grand public pour l’étude des ''[[Odonates]] en [[France]]''. Il sera suivi par un livre plus « scientifique » réalisé par Aguesse (1968)<ref>{{Aguesse1968}}</ref>, qui permet une détermination rigoureuse des ''[[Odonates]] de [[France]]'' et en donne des éléments de répartition relativement précis.

A partir des années 1980, les ouvrages de détermination naturalistes tendent à se multiplier dans différentes langues. Ou trouve en particulier en français l’ouvrage de d’Aguilar & Dommanget en 1985<ref>{{A&D1985}}</ref> qui sera réédité de manière augmentée en 1998<ref>{{A&D1998}}</ref>. Cet ouvrage traduit dans plusieurs langues aura un important succès. On trouve encore le livre de Jurzitza (1993)<ref>{{Jurzitza1993}}</ref>, la clé de Wendler & Nüß (1997)<ref>{{W&N1997}}</ref> ou le guide naturaliste de Dijkstra & Lewington (2007)<ref>{{DJAl2007europe}}</ref> qui a depuis été réédité, ainsi des guides photographiques de poche (Hentz & al. 2011<ref>{{HentzAl2011}}</ref>, Pape-Lange 2019<ref>{{PapeLange2019}}</ref>).

Ainsi les années 1980 posent les fondements de l’odonatologie [[France|française]] avec la parution d’un bon guide de détermination (d’Aguilar & Dommanget 1985)<ref>{{A&D1985}}</ref>, la naissance de la revue ''[[Martinia]]'' en 1985 qui accompagne la mise en route de l’''Inventaire Odonatologique national'' ([[INVOD]]) survenue en 1982 (Dommanget 1985)<ref>{{Dommanget1985}}</ref>, une étude faunistique nationale complète (Dommanget 1987)<ref>{{Dommanget1987}}</ref>.

{{NOTES}}