Dumont H.J., Mertens J. & De Coster W. 1993

De Odonates du Monde
Demoiselles et Libellules du Monde entier
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Deliry C. 2025 – Dumont H.J., Mertens J. & De Coster W. 1993. - In : Odonates du Monde (Histoires Naturelles) [2004-2025] – Version 18420 du 27.08.2023. – odonates.net

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Dumont H.J., Mertens J. & De Coster W. 1993 - The Calopteryx splendens cline in southwestern France, analyzed by quantitative wingspot analysis (Zygoptera: Calopterygidae). — Odonatologica, 22: 345–351. - PDF LINK


Résumé (Traduction libre)
Il est confirmé que la barrière de reproduction entre Calopteryx xanthostoma et le complexe C.-"splendens"- au nord de celle-ci n'est pas formelle. Un flux de gènes considérable se produit entre les deux groupes. Cependant au sud de la zone de contact, ce flux n'intervient pas. C. xanthostoma y est en populations homogènes, alors qu'au nord, un gradient génétique, exprimé en variation continue de l'étendue apicale de la tache alaire, concerne une zone de plusieurs centaines de km de large. L'existence possible d'une troisième composante génétique, d'origine orientale, ne peut être exclue. De plus, il est actuellement impossible de décider dans quelle direction l'introgression se poursuit. Alors que le bassin de l'Adour n'est habité que par des xanthostoma, quelques populations de xanthostoma purs se trouvant sur les affluents sud du bassin de la Garonne sont aussi susceptibles d'être des pionniers plus que des reliques. - Les croisements entre bassins, qui constituent la base même du flux génétique, s'effectuent principalement via les zones sources des affluents d'ordre supérieur, et non via les croisements de bassins versants dans les zones de plaine. Les populations de caloptéryx de différents affluents d'un même grand fleuve peuvent donc être plus différentes entre elles que les populations de cours d'eau adjacents d'ordre supérieur appartenant à des bassins hydrographiques différents.


Abstract
It is confirmed that the reproductive barreer between Calopteryx xanthostoma and the C.-”splendens”- complex N of it is not imperious. Considerable gene flow occurs between both groups. However, the dine is not symmetrical: S of the contact zone, C. xanthostoma is homogeneous, whereas N of it, a genetic gradient, expressed in continuous variation of the apical extent of the 6 wingspot, extends over many hundreds of km. The possible existence o fa third genetic component, of eastern origin, cannot be ruled out. Also, it is presently impossible to decide in which direction introgression proceeds. While the Adour R. basin is inhabited by xanthostoma only, some pure xanthostoma populations on the southern tributaries of the Garonne basin are as probable to be pioneers as relicts. - Interbasin crossings, the very base of gene flow, proceed primarily via source areas of higher order tributaries, not via watershed crossings in lowland areas. The Calopteryx populations of different tributaries to a same major river may, therefore, be more different among themselves than populations of adjacent high-order streams belonging to different drainage basins.

Fig. 2 - Source - © Dumont & al. (1993) 🔍

Lecture commentée

Les auteurs étudient 21 populations associées au Calopteryx splendens s.l. situées depuis les piémonts nord des Pyrénées à la Belgique, mais essentiellement localisées dans le Sud-Ouest de la France depuis les régions du Poitou-Charentes et du Limousin jusqu'aux pieds des Pyrénées françaises.

Les stations les plus méridionales se trouvent en dehors de l'aire de Calopteryx splendens s.str. et ne concernent que Calopteryx xanthostoma dont les populations sont tout particulièrement homogènes (stations 1 à 8). La station belge (n°21) sert de référence en tant qu'échantillon typique pour splendens. Une partie des ailes de ♂ des populations étudiées est présentée fig.2 (voir ci-contre). Nous les commentons ci-dessous :

  • n°9 - Présence de xanthostoma (max) en majorité (mean) avec présence probable de quelques splendens très colorés, à apex hyalin sur une faible partie mais bordure nette (ce ne sont pas des hybrides). Par ailleurs la bordure proximale de la marque alaire est arrondie ce qui exclue ancilla.
  • n°10 - Présence de xanthostoma (max) en majorité (mean), l'aile présentée à gauche du tableau (min) est à notre avis celle d'un "hybride" car la bordure apicale de la tache est confuse et prend même une forme concave plutôt que convexe.
  • n°11 - présence de xanthostoma (max) avec introgression de splendens (mean) et cas d'hybridations : l'apex et faiblement hyalin. Des splendens très colorés à l'instar de la station n°9 sont présents sur la station.
  • n°14 - présence de xanthostoma (max), mais majorité de splendens pour partie très colorés (mean), les cas illustrés ne rendant pas compte d'exemples d'hybridation. Dans le cas (min), l'apex hyalin est significativement important et la marque alaire se réduit à l'instar des populations les plus typiques de splendens.
  • n°15 - présence de xanthostoma (max) avec majorité de splendens pour partie très colorés (mean), avec phénotypes voisins de ceux de populations orientales comme taurica (min) (tache réduite et pâle), mais toujours conformes selon nous à un contexte splendens.
  • n°17 - récolte du 17 août 1991 : population de splendens (max) en totalité, sans témoins d'hybridation. La dimension de marque alaire varie relativement peu. Notons que cette population charentaise appartient au taxon faivrei chez qui les ♀ sont homéochromes. La même station a été visitée le 10 septembre 1988 et ne montre pas à notre avis de différence fondamentales avec les éléments rapporté trois ans plus tard. Il paraît possible que les individus marqués (min) aient quelques éléments du génome ancilla en raison de la forme de la bordure proximale de la tache qui montre un léger rentrant. Cet élément est en faveur du fait que ces populations sont considérées comme des reliques d'une ancienne phase d'immigration de l'espèce selon certaines hypothèses récentes.
  • n°21 - Cette population belge est censée servir de référent pour splendens, or il n'en est rien. Nous avons un phénotype de Calopteryx ancilla (max) bien caractérisé par la bordure proximale de la tache qui forme un rentrant au niveau du nodus. Néanmoins splendens est bien présent (mean et min) avec des ailes montrant un apex significativement clair et une bordure proximale arrondie située non loin du nodus.

Au niveau morphologique, il est intéressant de souligner que la forme des ailes présentées et correspondant à xanthostoma confirment bien nos observations : dans les populations françaises les ailes sont fines et relativement élancées ce qui est particulièrement sensible sur plusieurs ailes représentées sur le tableau (ex. 10 mean, max, 11 max, 14 mean, max...). Ce qui est différent du cas de la population espagnole étudiée dans les travaux ultérieurs de l'équipe de Dumont, ces derniers ayant des ailes "épaissies".

A la lecture, le fait est que les auteurs ne déterminent pas formellement leurs populations en dehors des stations du piémont pyrénéen (n°1 à 8) qui sont rapportées à Calopteryx xanthostoma et qui sont pures.