Homberg M. 1699
Deliry C. [2025] – Homberg M. 1699 - In : Odonates du Monde (Histoires Naturelles) (2004-[2025]) – Version 59695 du 08.07.2025. – odonates.net
|
Homberg M. 1701 - Observations sur cette sorte d'Insectes qui s'appellent ordinairement Demoiselles. - Histoire de l'Académie royale des Sciences, MDCCXCIX (1699), 1732 (3e éd.) : 145-150. - ONLINE 3ème édition de 1732.
Homberg présente un Mémoire sur les Demoiselles le 22 août 1699 à l'Académie royale des Sciences en France (probablement à Paris). Il est publié en 3ème édition en 1732 par exemple dans l'Histoire de l'Académie. La lecture de la préface de ce recueil révèle que l'impression n'a finalement été finalisée qu'en 1701, si bien que je viens de corriger la date de ce travail que j'avais initialement daté de 1699 [5 septembre 2023].
Ce mémoire donne une description tout à fait remarquable de Calopteryx splendens qui est l'espèce présentée par Homberg (op.cit.) en l'occurrence. Il décrit l'accouplement de cet Agrion.
![]() |
🔍 - Cœur copulatoire chez la Demoiselle que j'identifie facilement comme Calopteryx splendens, il s'agit de la première réprésentation d'un tel comportement dans l'histoire de l'Odonatologie. Ces illustrations servent certainement d'exemples au document similaire, mais moins précis, présenté par Roberg (1732) qui publie en Scandinavie. Notez que la troisième édition comprenant le travail d'Homberg date aussi de 1732. ![]() |

Nouvelle lecture [5 septembre 2023]
Homberg (1701) dans son Mémoire du 22 août 1699 précise qu'il y a plusieurs espèces de Demoiselles, tant pour la grandeur que pour la couleur. Il n'a réalisé ses observations que sur l'une d'entre-elles à laquelle il n'attribue pas de nom, mais en fait une description très correcte (en l'occurrence Calopteryx splendens dont il donne en définitive "la" première description à la fois sous forme de texte), accompagnée d'une illustration (voir ci-dessus). Je la résume ainsi : ♂ et ♀ sont de la même grandeur (20 lignes de long environ), de corps grêle, avec le bout de l'abdomen (ventre) de la ♀ qui est plus gros que celui du ♂. Elles se tiennent ordinairement sur les bords des rivières. Les ♂ sont de couleur violette luisante, les quatre ailes sont transparentes, un peu dorées avec une grande tache (opaque) presqu'au milieu de chacune, du même violet que le corps. Les ♀ ont le corps d'un gris doré luisant, tirant sur le vert. Leurs quatre ailes sont transparentes, de la même couleur (vert [?]) et sans taches. Lorsque ces insectes sont au repose, les ailes sont jointives, si bien qu'on ne croit voir qu'une seule aile. L'auteur précise alors que plusieurs autres espèces de Demoiselles tiennent leurs ailes toujours étendues, tant au repos qu'en vol. Il fait référence ici à ce que nous nommons les Anisoptères. Homberg continue de détailler la description de ces animaux, soulignant la grande taille relative de la tête par rapport au corps, il appelle poitrine ce que nous connaissons sous le nom de thorax, situe de "poulmons" au milieu de son ventre (abdomen), qu'il situe en raison de mouvements "respiratoires", il situe l'anus sur le dixième "article" du ventre du ♂ et décrit les appendices abdominaux qui forment des crochets pouvant fonctionner comme des pinces. Il détaille ensuite l'anatomie de l'extrémité du ventre (abdomen) de la ♀ où il distingue un anus et des éléments reproducteurs (deux tuyaux). Il a immanquablement disséqué ces insectes.
Homberg décrit ensuite le comportement reproduction et en l'occurrence l'accouplement des Calopteryx splendens, introduisant le phénomène ainsi :
Jai vû faire une action à ces animaux qui m'a paru fort extraordinaire, & qui ma donné la curioƒité et les éxaminer avec attention ; c'eƒt que le mâle trouvant la femelle aƒƒiƒe sur qulque feüille ou branche ƒur le bord de l'eau, il la prit en volant avec les crochets de son anus par le col entre la tête et la poitrine, & emporta ainƒi la femelle penduë par la tête au bout de ƒa queuë.
Je crus d'abord, que c'étoient deux differentes eƒpèces d'animaux qui ƒe chaƒƒoient ; mais comme je ne vis aucune reƒiƒtance de l'une pour empêcher son enlevement ; au contraire que l'une ƒe préƒentoit & paraƒƒoit attendre l'autre pour être plus commodément emportée, j'en jugeai autrement.
En les ƒuivant, je vis que le mâle s'ƒƒit non loin de là ƒur une feüille de jonc, & en même tems il hauƒƒa ƒa queuë avec laquelle il tenoit la femelle par le col, pour la mettre ƒur la même feüille où il étoit. La femelle étant ainƒi aƒƒise derrier le mâle, elle couba ƒon ventre, qu'elle fit paƒƒer entre ƒes jambes, & avec le bout de ƒon ventre, elle porta ƒes parties contre la poitrine du mâle, qui la ƒes parties génitales à cet endroit (voïé la fig. g.) le mâle ƒoûtenant pendant toute cette action la tête de la femelle avec le bout de sa queuë.
Ils demeurerent dans cette poƒture pendant environ trois minuttes, puis le mâle ƒoûleva puiƒƒamment ƒa poitrine, & les parties génitales de ces deux animaux ƒe ƒéparerent, comme ƒi on les avoit arrachées les unes des autres : la queuë du mâle lâcha auƒƒi en même tems la tête de la femelle, & il s'envola auƒƒi-tôt.
La femelle étant en liberté, ƒe redreƒƒa, & demeura immobile dans la même place pendant un bon demi-quart d'heure, pus elle s'envola auƒƒi.
Homberg détaille ensuite ses observations anatomiques, suite à des dissections d'individus qu'il a capturé. Il détaille en particulier les éléments reproducteurs des ♂. Il identifie dans la poitrine des ♂ (thorax) le réservoir de semence (réservoir spermatique), dont il déduit la fonction par le fait qu'il est tantôt plein, tantôt vide (cas d'une individu s'étant accouplé) selon les individus. Il précise qu'il n'a pu obtenir de pontes des ♀ qu'il avait gardé en captivité, celles-ci ne se nourrissant pas des aliments proposés étant finalement mortes. Les dissections des ♀ révèlent à l'auteur qu'elles ne contiennent pas d'œufs, si bien qu'il déduit que ces dernières se cachent pour les former, avant de périr ensuite. La découverte d'ailes de ♂ en absence de leur corps lui font penser qu'ils ont été consommés par d'autres Insectes. Il note enfin que les premiers qu'il a pris aux environs du 18 juillet 1699, notamment les ♂, sont plus longs et plus forts que ceux pris une quinzaine de jour plus tard. Au bout de trois semaines, il n'y en avait presque plus. Ils sont alors fort chétifs, si bien que selon Homberg, ils n'éclosent pas tous en même temps et que la première "couvée" est meilleure que la dernière. Il est possible de déduire que la période de vol sur la localité étudiée par Homberg est courte et se situe entre la mi-juillet et début août.
Références
Deliry C. [2023] - Odonates du Monde. - Histoires Naturelles (2004-2025). - odonates.net
Roberg L. 1732 - Dissertatio physica de libella insecto lacustri & alato. - Upsaliae. - PDF LINK