De Réaumur R. 1742

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Deliry C. [2025] – De Réaumur R. 1742 - In : Odonates du Monde (Histoires Naturelles) (2004-[2025]) – Version 59709 du 08.07.2025. – odonates.net

de Réaumur R. 1742 - Mémoire pour servir à l’histoire des Insectes. Onzième mémoire. Des mouches à quatre aisles nommées Demoiselles. - Imprimerie royale, Paris [Demoiselles] : 387-457. - PDF


On trouve des illustrations de Libellules de France dans de très anciens ouvrages, mais ceux-ci on près de 150 ans d'âge lorsque paraît le travail de R.A. de Réaumur (1742). Il convient de rappeler un mémoire précoce sur nos Demoiselles présenté par Homberg en 1699.

René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757) est un des fondateurs de l'entomologie moderne. Il s'agit d'un physicien et naturaliste français. Il est membre de l'Académie des sciences et s'intéresse tant aux arts industriels, qu'à la physique ou l'histoire naturelle. Son travail sur la Biologie des Odonates ne sera pas surpassé avant le début du XXème siècle.
Le sixième tome de ces Mémoires pour servir à l'histoire des insectes appartient à une collection de 7 volumes parus entre 1734 et 1742. Le septième volume n'a été édité, à titre posthume, qu'en 1928 pour sa première partie concernant les Fourmis et en 1955 pour ce qui de l'histoire des Scarabées. Le total de l'œuvre compte plus de 4000 pages dont plus de 80 concernent les Libellules ! L'ouvrage qui nous intéresse date donc de 1742. Son sous-titre exact est Suite de l'Histoire des Mouches à quatre ailes avec un supplément des Mouches à deux ailes. Les Libellules concernent le onzième mémoire de cet ensemble.

Cet auteur distingue trois ensembles ou genres chez les Libellules qui correspondent globalement au Libellulidés, Aeschnidés et Zygoptères (planche 35).

Nous pouvons identifier dans ce travail au moins les espèces suivantes : Aeshna grandis, Aeshna cyanea, Aeshna mixta, Calopteryx ancilla, Calopteryx virgo, Coenagrion puella, Platetrum depressa (citée à Paris), Platycnemis pennipes, Pyrrhosoma nymphula et Onychogomphus forcipatus (liste donnée en première lecture [2019]). J'ai barré deux espèces qui finalement ne sont pas dans l'ouvrage ou ne semblent pas y être alors que je pensais les avoir repérées à l'initial [2022]. Il faut ajouter par contre Eurothemis fulva qui est sur la planche 35 [2023].


Compléments [17 juin 2023]
Il s'agit ici du premier texte qui m'est parfaitement accessible car rédigé en français (point d'effort de traduction et d'interprétation à partir du latin notamment). De Réaumur (1742) parle de "Mouches à quatre aisles", elles sont nommées Demoiselles, ordinairement en latin Libella (Libellæ), ainsi que par quelques auteurs Perla ou Modella (Mordellæ). Elles sont connues dans presque toute la France, y compris par les enfants sous le nom de Demoiselles en raison de la longueur et de la finesse de leur corps. Il y en a des bleus, d'autres terminées par du bleu mais au corps sombre, des vertes, des jaunes ou des rouges (pp.387-388).
En termes d'habitats de Réaumur (op.cit.) dit (p.388) qu'elles se rendent dans nos jardins et parcourent les campagnes, volent volontiers le long des haies, mais les endroits où on les voit en plus grand nombre c'est dans les prairies (cf. marais !), et le long des ruisseaux et petites rivières, l'eau étant en effet leur pays natal et après en être sorties (émergence), elles s'en approchent pour lui confier leurs œufs. Ce sont de redoutables prédatrices ("elles sont des guerrières plus féroces que des Amazones"). D'autres insectes sont considérés comme des Demoiselles comme les Fourmilions, mais sont différents : il est question ici des Demoiselles aquatiques, différentes des Demoiselles terrestres (les Fourmilions).
L'auteur distingue trois genres, dont chacun a des caractères très marqués (p.390) :
1. Demoiselles à corps (plus) court et applati. Tenue des ailes horizontale, masque des nymphes en forme de casque → Anisoptères, cf. Libellulidae.
2. Demoiselles au corps (plus) long et en forme de bâton.
• Genre avec une grosse tête arrondie, sphérique. Tenue des ailes horizontale, masque des nymphes plat → Anisopteres, cf. Aeshnidae.
• Genre avec une tête plus menue, courte et large, aux yeux bien écartés. Position des ailes variée, ce qui peut permettre de définir des genres subordonnés, masque des nymphes plat et éfilé → Zygoptères.
Les nymphes associées à ces trois genres (p.392) est correcte et cohérente (pl.36 : respectivement fig.1 et 2, fig.3 et 4, fig. 5 et 6). Des émergences (diverses) sont observées depuis le mois d'avril à fin septembre et même au milieu d'octobre (p.406) : "passage de l'insecte de l'état de poiƒƒon à celui d'habitant de l'air" (p.407).
Page 422, l'auteur, parle d'un étang près chez lui, à Réaumur (Vendée) et de Réaumur y a observé deux espèces plus en détail : référencées par des illustration, il s'agit de la planche 40 qui concerne de toute évidence un Lestes qui d'après les éléments visibles doit correspondre à Lestes barbarus ou Lestes virens en raison de la ligne médio-thoracique, et l'autre, pl.41 fig.11, correspond à Aeshna cyanea, mélangée d'éléments d'Aeshna grandis, mais qui informations, couplées au texte est plus conforme à la première des deux Aeschnes. Les éléments donnés plus loin (pp.431-432) sont en définitive en faveur de la présence des deux espèce sur Réaumur (Vendée).

🔍 - Premier genre : fig. données en exemple par de Réaumur (1742), ce sont des Anisoptères, style Libellulidae et en l'occurrence Platetrum depressa et Eurothemis fulva. L'auteur dit que la fig.2 correspond au ♂ de l'espèce de la fig.1, mais si les éléments du texte sont cohérents, il y a bien confusion - texte et illustrations - entre les deux espèces qui sont dûment considérées en fait [2023]

Références

Homberg M. 1701 - Observations sur cette sorte d'Insectes qui s'appellent ordinairement Demoiselles. - Histoire de l'Académie royale des Sciences, MDCCXCIX (1699), 1732 (3e éd.) : 145-150. - ONLINE 3ème édition de 1732.
Muffet T. 1589-90 - Insectorum sive Minimorum Animalium Theatrum. - Réed. 1634 – Londini. - ONLINE